Emmanuelle Roberties
















création artistique
Bleu Prairie

création littéraire
Master Université Paris VIII

architecture
Atelier d’architecture revers












Observer nos conditions paysagères.

Voilà le travail engagé par Emmanuelle Roberties dans ses créations architecturales, littéraires et artistiques, depuis une dizaine d’années. Elle est née dans le sud-ouest de la France, a grandi à la campagne et conserve de cette vie son attachement aux paysages, aux formes hybrides des territoires ruraux.  

Un regard sur l’environnement se déploie, qui court le long des lignes et se heurte aux amas d’ombres, retenus là sous nos yeux, par les aspérités de la matière, vivante ou inerte.  












Pour me joindre

architecture
contact@reversarchitecte.com


création artistique et littéraire
emmanuelle.roberties@gmail.com



















Série photographique
Bleu Prairie



Cette série rassemble des photographies réalisées ces deux dernières années, sur les territoires de la Martinique, de l’Île d’Yeu et du Vézelien.

Les cadrages jouent avec les échelles spatiales, déstabilisant l’interprétation de l’image, brouillant les notions de paysage. Des fragments de paysages présentés naissent de nouveaux mondes imaginaires, reconfigurés, repeuplés.

Les photographies sont imprimées en tirage Fine Art, sur papier coton 300 gr, finition texturé et mat. Les forts contrastes ou les épures de gris entretiennent un jeu avec les techniques du dessin au crayon ou à l’encre.

La série est en dialogue avec le court poème suivant :


« Bleu prairie
Ciel avalé
Corps en course »

2023, Emmanuelle Roberties,
Ile d’Yeu.




Brindilles




Je te vois




L’huitre-paysage 




L’animal qui guette en moi




L’animal qui guette en toi




Déjeuner sur l’herbe




Caresses




Topographies I




La condition insulaire 




Les poils 














Sols déplacés



2022
Création littéraire
Saint-Martin Vésubie


Cette série photographique est le départ d’un travail d’écriture sur ces territoires de roches caillasses graviers sables débris chariés et déposés le long du lit de la Vésubie, et qui, lors de la tempête Alex en 2020, ont transgressé le territoire étroit de cette petite rivière de montagne.

La visite de Saint-Martin-Vésubie s’est produite l’été 2022, elle s’inscrit dans un projet de création littéraire que je poursuis cette année au sein du Master de Création Littéraire de l’Université Paris VIII.

J’ai participé le 25 mai 2022 à une journée d’étude organisée au sein de l’exposition Sols Incertains à l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris La Villette*. L’exposition et la journée en question portaient sur les territoires vulnérables aux risques naturel : le travail produit par Yannick Gourvil et Zoé Faou se demande comment apprendre de la catastrophe provoquée par la tempète Alex en 2020. Les vallées de La Vésubie, de la Tinée et de la Roya dans le sud-est de la France et le Nord de l’Italie ont été ravagées par des crues sans commune mesure.

Ces territoires aux sols incertains** posent problème à nos pratiques d’architecte et d’urbaniste : ils questionnent les limites de chaque intervenant sur ces territoires et rebattent les cartes en terme de conception et de projection vers un futur incertain.



* commissariat et scénographie Yannick Gourvil
** expression qui reprend et prolonge le titre du magnifique ouvrage Voyages en sol incertain de Matthieu Duperrex










En réalité, il vit dans ce lit de catastrophe parce qu’il s’y reconnaît. Non pas exactement dans la catastrophe  – même si on le lui a souvent répété : tu es une catastrophe. Dans les débris plutôt. Dans les sequelles. Dans l’amas.







Les caillasses, il n’y en a pas deux pareilles. Il n’y en a pas une qui s’emboitent avec l’autre, pas trois qui se combinent soigneusement. Elles sont mal assorties. Et elles sont là par défaut. Comprenez-bien – dit-il, lorsqu’il veut vraiment être pris au sérieux – ce n’est pas qu’elles sont flemmardes ou bêtes, non. Elles sont sages, elles s’économisent au laisser-aller.








Au fil des courbes formées par la crue puis la décrue, en arpentant la nouvelle topographie sculptée dans les débris et les caillasses, les courbes, les nivellements, les perturbations ont pris consistance, la pente et chaque replat à l’aval de Saint Martin jusqu’au barrage hydroélectrique se sont transmutés en corps ; un corps éventré, pulvérisé.







Il endure la résistance, la densité des sols successifs, l’adhérence des horizons géologiques sans dessus-dessous, suivant leur composition ou bien après évaluation de ce que ces horizons dissimulent. Il a ratissé chaque mètre carré comme une scène d’amour, à la recherche de ce qui prolongerait ses organes : barres, tôles rouillées, bâches, morceaux de plastiques, galets, bois arrachés. Il collectionne les outils sur lui en les assemblant sur ses membres et compose une sur-carrure pour amplifier sa taille humaine et tendre vers l’échelle gigantesque des traces.







Parfois, il arrête brutalement son endurance, se cabre, les épaules relevées et avec elles, ses oreilles fragiles : il n’est pas à l'affût d’un bruit mais d’un signe. Il avance l’arc formé par ses arcades sourcilières, son nez, sa bouche, renvoie ses oreilles en arrière, le regard panoramique. Il a saisi dans le mitage de la gravière, une forme distincte. Il tourne méthodiquement son visage, d’un côté puis de l’autre, plisse les paupières. Un rocher, sous une lumière de ¾ de jour, suivant un angle d’observation humain pas si haut, vaut la peine qu’on s’y arrête. Il se fige, observe. Et reste le corps ainsi tétanisé des heures durant, développant par intérêt esthétique une musculature prononcée.








Un sol commun

Construire en terre crue


2022 - 2021
architecture

30 logements à Seilh (31)

Équipe de maîtrise d’oeuvre :
Ubac, Vincent Agusti (Mandataire)
ATP paysagiste
Ecovitalis
I-structures
HNB

Maitrise d’ouvrage : Le Col


Images : Septembre Illustrations






Vue de la façade Sud





Vue de la façade Est

Le projet de deux immeubles de logements a été pensé suivant  deux intentions architecturales fortes :
- une adaptabilité élevée des plateaux de logements
- et une construction en matériaux locaux bio-sourcés locaux.
Les deux volumes en brique de terre crue compressée abritent un programme de logements dont la finalisation sera réfléchie avec la participation des habitants.
Le caractère participatif de cette consultation offre une occasion rare et précieuse de penser l’habitat collectif autour d’une relation directe entre l’architecte et les habitants. Et à l’aube de cette « décennie cruciale», la mise en commun apparaît de plus en plus comme un vecteur de résilience efficient.
Le choix du bloc de terre crompressée en structure porteuse s’explique par le type de terre présent dans la région et les savoir-faire disponibles dans un rayon proche (usine à Graulhet). Comparativement aux autres techniques de construction en terre crue que l’on peut trouver localement, il a l’avantage d’être rapide en mise en oeuvre, selon un principe stéréotomique semblable à la construction en pierre et déterminé en phase de conception. Il est aussi plus abordable du point de vu économique. L’enduit de terre pourrait être réalisé à partir des terres de sit extraites lors des fondations. Les structures en acier galvanisé et les toitures métalliques légères font écho aux
réalisations du premier secteur de la ZAC Laubis.










Vies d’un lac agricole



2022
création littéraire
10 000 signes



Emile nous enmène sur les berges d’un lac d’exploitation agricole, à la rencontre d’un monde étrangement peuplé. Son parcours se prend rapidement dans la matière de ce lac, la boue, pour y être définitivement lié.

Ce texte expérimente la description de lieux hybrides entre vies animales, vies humaines et matières. Il fait partie d’un projet de création littéraire que je poursuis cette année au sein du Master de Création Littéraire de l’Université Paris VIII.




“ Emile suit une horde de têtards entre les premières mottes de terre et de boue. Il avance en s’ajustant au rythme des petits corps noirs, à l’issue d’une matinée d'affût sur les berges. Les larves sont agitées d’un bout à l’autre par leur queue. Elles ondulent et se propulsent entre les monticules, dans une eau terne. Le petit garçon s’attarde aussi sur les tourbillons des grains de sable formés au passage d’un tétârd ; il suit les poussières de coques de maïs ou de fibres de blés, les corps morts d’insectes : mouches, hydromètre, moucherons, moustiques, phryganes, toutes sortes de punaises, des cousins –, des restes de pattes, des antenes de coléoptères, des mandibules arrachées, des éboueurs.

        Sur ce versant du lac, un pan entier de terre s’enfonce en pente douce dans l’eau. Des flaques y prennent naissance lorsque le niveau de la terre avoisine celui du lac. Les eaux remontent du sous-sol, la surface s’amollit et les empreintes de bottes, les traces animales ou celles de pneus, creusent des petits plans d’eau successifs, connectés les uns aux autres. Sur cette limite incertaine, les têtards profitent des eaux peu profondes et s’exposent aux rayons du soleil. Quand la température est trop élevée, ils dévalent les gorges de boue et s’enfonçent d’un bassin à l’autre vers le lit du lac et ses eaux stagnantes.

Les flaques s’élargissent, il est midi. Emile se focalise sur la course désordonnée de sa horde. Il sautille d’une direction à l’autre, sans se méfier de la trajectoire. Bientôt les pas s’embourbent, les buttes qui émergent du plan de l’eau se rétrécissent, sa candence s’alourdit. Il finit par enfoncer une botte dans la flotte et sent son pied se faire avaler par le sol. Chaque pas se transforme dès lors en un effort de désencastrement puis un lancé de jambe hasardeux, et à nouveau, son pied se fait prendre, comme le béton, ça sèche pas couillon, ça prend, il prend dans le fond plasmique du lac. Il a perdu les têtards, mais a vu une carpe ou le fragment d’un corps vif, gris-marron, recouvert d’un motif répétitif, un bout de tronc ou de glotte, du nouveau.” (Extrait)






Incidences



2022
création littéraire
15 000 signes



Le chantier de Maria se retouve, bien malgré lui, pris dans l’histoire des déchets d’une époque. L’occasion de découvrir aussi à quoi pourrait ressembler la construction de demain...


Cette nouvelle propose de se plonger en 2050, en France, dans un monde bas-carbone, ayant engagé une transition écologique ambitieuse. Elle répond au lancement de la première édition du concours Le Shift et les Lettres.




“ Maria tournait et retournait les plans à la recherche d’une version du site pouvant éclairer la situation. Elle remonta les différentes modifications du règlement d’urbanisme, elle chercha une quelconque mention de stockage sur cette parcelle. Le projet se situait dans une ancienne zone Agricole, qualifiée depuis peu zone Biens Communs et, à la lecture du plan cadastral, l’échelle des bâtiments ressemblait davantage à celle des étables et des hangars d’une exploitation agricole qu’aux installations d’une décharge communale.

        A une centaine de kilomètres de son atelier, son chantier d’extension d’une école était à l’arrêt. Quatre jours plus tôt, la pelle d’un façonneur s’était plantée droit dans une masse dure, en lieu et place de la motte de terre qu’il espérait dégager. Le façonneur avait cru à une pierre ; il n’était pas rare aux abords des mares de retrouver d’anciens ouvrages de lavoirs. Il retira une fine couche de terre et vit se dessiner une ondulation suspecte. Il dégagea davantage l’obstacle et visualisa bientôt une plaque en Fibrociment : ce type d’ouvrage qui ressemblait à une tôle ondulée contenait neuf fois sur dix de l’amiante.